Introduction
Le Mont Hombori représente un hotspot potentiel
tant pour la biodiversité végétale
(flora) que animale. Concernant
la faune, la configuration géographique (montagne
tabulaire) du site confère un intérêt
particulier au sommet de la montagne. En effet, la forte
isolation du plateau sommital en fait un refuge idéal
pour de nombreuses espèces animales.
L’objectif du volet zoologique du projet Hombori
est double. Il s’agit d’une part de réaliser
un inventaire faunistique du sommet du mont Hombori
et de sa région. En effet, la faune de cette
région n’est pas bien connue, particulièrement
concernant les insectes et les amphibiens. D’autre
part, il s’agit d’estimer l’importance
de la montagne en termes de biodiversité en comparant
la richesse et l’abondance faunistique du sommet
avec la plaine environnante.
Différents groupes de vertébrés
et d’arthropodes ont été sélectionnés
selon des critères scientifiques et pratiques
afin de réaliser des inventaires exhaustifs.
Les groupes présentant une forte diversité,
un piégeage aisé ou un intérêt
scientifique particulier ont été privilégiés.
Il est clair que les compétences et l’intérêt
des scientifiques participant à l’expédition
ont également joué un rôle dans
le choix des groupes étudiés.
Groupes taxonomiques étudiés et méthodes
de piégeage
1. Reptiles et amphibiens
Captures diurnes (Lacertidés, Scinques, Agames)
et nocturnes (Gekkonidés, amphibiens) , directement
à la main
2. Micromammifères (Rongeurs et musaraignes)
Différentes méthodes de piégeages
ont été utilisées. Premièrement
des pièges barber (pitfall traps) ont été
placé plusieurs nuits consécutives dans
les différents milieux du sommet. Des trappes
Longworth et Sherman ainsi que des trappes à
souris ont également été utilisées.
Des caryotypes ont été réalisés
directement sur le terrain sur les spécimens
capturé afin de faciliter l’identification.
3. Chiroptères (Chauve-souris)
Piégeages nocturnes au filet
4. Insectes
Le recensement des insectes s'est effectué sur
des stations choisies pour leur diversité floristique,
en association avec les relevés botaniques, au
sommet et en plaine. Des captures diverses ont également
été réalisées lors de nombreuses
excursions.
Méthodes de piégeages
- Pitfall traps
De simples gobelets en plastique enterrés dans
le sol et remplis avec un peu d’eau et de détergeant.
Ils permettent de piéger une grande variété
d’insectes marcheurs, principalement des coléoptères,
des hyménoptères, des hémiptères
et des orthoptères.
- Pièges lumineux
Une lampe à gaz placée derrière
un drap blanc, permet de capturer une grande diversité
d’insectes nocturnes (Lépidoptère-Hétérocère,
Diptère, Neuroptère, …)
- Filets
Captures de papillons de jour (Lépidoptère-Rhopalocère),
de libellules et demoiselles (Odonate) ainsi que de
diverses mouches (Diptères) et hyménoptères
(guêpes, abeilles, etc).
- Nasses
Une simple bouteille en PET dont le sommet a été
coupé et replacé à l’envers
permet de piéger de nombreux insectes attirés
par l’odeur de l’eau sucrée placée
préalablement à l’intérieur
de la bouteille.
5. Autres
Des observations directes lors de nombreuses excursions
tant nocturnes que diurnes ont permis de recenser une
partie des autres espèces présentes au
sommet (mammifères et oiseaux).
Résultats
A. Listes d’espèces
1. Reptiles et amphibiens
Herpétologie
Durant le séjour à Hombori, 47 animaux
ont été collectés, dont 7 lézards
rapportés vivants et actuellement (28.07.2006)
au Muséum
d’Histoire Naturelle de Genève. Leur
détermination est en cours mais voici déjà
une liste provisoire :
- 2 (3) espèces de bufonidae : Bufo
cf. mauritanicus, Bufo cf. xeros,
Bufo sp. (cf. regularis), Bufo
sp.
- 3 espèces de ranidae : Tomopterna cryptosis,
Hoplobatrachus occipitalis, Pyxicephalus
edulis.
- 2 espèces d’hyperoliidae : Kassina
senegalensis et une autre espèce indéterminée
(en mauvais état de conservation) provenant du
sommet.
- 1 boidae : Gongylophis mulerii, malheureusement
tué à coup de bâton par les habitants.
- 3 gekkonidae : Hemidactylus cf mabouia,
Ptyodactylus ragazzii et Tropiocolotes
tripolitanus apoklomax
- 1 (2) scincidae : Trachylepis quinquetaeniata,
Mabuya sp.
- 1 agame : Agama cf. agama
Les espèces les plus intéressantes taxonomiquement
semblent être les crapauds, et peut-être
l’agame.
16 espèces, auxquelles s’ajoutent les
3 espèces collectées en 1965 par Papenfuss
: Sphenops delisei, Hemidactylus brooki,
Stenodactylus stenodactylus (Tropiocolotes
tripolitanus étant la seule espèce
retrouvée) en 2005.
Des analyse ADN permettront sans doute de préciser
certaines incertitudes, mais il faudra un certain temps
pour obtenir des résultats.
2. Micromammifères
- Mus setulosus
3. Chiroptères
Deux espèce de chauve souris ont également
été capturées, Il s’agit
de deux Rhinopomatidae.
- Rhinopoma hardwithei
- Rhinopoma mircophyllum.
4. Insectes
Cette campagne de terrain a permis de collecter environ
300 spécimens appartenant à plus de 130
espèces différentes. Une partie des échantillons
collectés sont en cours de détermination
au Musée
de Zoologie de Lausanne.
- Coléoptères : 40 sp (dont 5 sp de Carabidae,
2 sp de Cerambycidae, 5 sp de Scarabaeniae, 1 sp de
Cetoninae, 1 sp de Aphodiinae, 5 sp de Terebrionidae,
1 sp de Buprestidae, 5 sp de Meloidae, 2 sp de Histeridae,
1 sp de Coccinelidae, 3 sp de Curculionidae, 1 sp de
Anobinae, 1 sp de Lampiridae et 1 sp de Cantharidae)
- Odonates : 1 sp de zygoptère et 8 sp d’anisoptères
(dont Philonomon luminans et Trithemis
sp)
- Lépidoptères : 25 sp (dont Vanessa
carduii)
- Hyménoptères : 15 sp
- Diptères : 15 sp
- Orthoptères : 10 sp
- Névroptères : 3 sp de Myrmeleontidae
(Fourmilions)
- Hémiptères : 9 sp (dont 1 nepidae)
- Mantidé : 3 sp
- Isoptères : 1 sp
- Autres arthropodes : 1 sp de solifuge et 3 sp de scorpions
Nevroptère, fourmillon, photographié
au sommet du mont, dans une prairie à Sesbania
5. Autres (observations directes)
Au sommet
Oiseaux
- Poule de rocher (Ptihopachus petrosus)
- Merle de roche (Monticola saxatilis)
- Faucon lanier (Falco biarmicus)
- Faucon renard (Falco alopex)
- Martinet alpin (Apus melba)
- Gyps de Ruppell (Gyps rueppellii)
- Percnoptère d'Egypte (Neophron percnopterus)
- Traquet de roche à ventre roux (Myrmecocichla
cinnamomeivent)
Mammifères
- Daman des rochers (Procavia capensis)
- Babouin doguera (Papio hamadryas anubis)
Traces de babouins
Le babouin doguera a une large distribution allant
du centre-est au centre ouest de l’Afrique.
Cette espèce se retrouve dans des habitats variés,
de la steppe herbacée à la forêt
tropicale.
Distribution du babouin doguera
Le babouin doguera est principalement frugivore mais
les feuilles constitue aussi une grande partie de son
régime alimentaire. Il consomme aussi des fleurs,
racines, des herbes, des écorces, des branches,
des tubercules, des bulbes, des champignons, des lichens,
des plantes aquatiques, des graines, des pousses, des
bourgeons, des invertébrés et des petits
vertébrés comme les gazelles.
Les femelles qui ont des petits se nourrissent principalement
au sol, d’herbes et de petits buissons (Estes,
1991).
Lorsqu’ils se nourrissent, les babouins doguera
s’assoient sur le sol et grattent la terre pour
rechercher des herbes et autres nourritures se trouvant
dans le sol (Richard, 1985)
La grandeur des groupes de babouins varie de 8 à
100 individus. C’est une espèce diurne
qui dort dans les arbres ou sur les rochers.
- Genette (Genetta sp) (photo de la trace)
Dans la plaine ou dans les falaises
Oiseaux
- Aigrette intermédiaire (Egretta intermedia)
- Aigrette garzette (Egretta garzetta)
- Milan noir (Milvus migrans parasitus) (sous-espèce
africaine)
- Corbeau pie (Corvus albus)
- Martinet à dos blanc (Apus affinis)
- Calao à bec noir (Tokus nasutus)
- Huppe fasciée (Upupa epops)
- Bruant de cabanis (Emberiza cabanisi)
- Amarante commun (Lagonosticta senegala)
- Coucal du senegal (Centropus senegalensis)
- Grande outarde arabe (Ardeotis arabs)
B. Comparaison montagne plaine
Les données récoltées lors des
missions 2003 et 2005 sont en cours d’analyse.
Cependant, les résultats préliminaires
permettent de tirer plusieurs conclusions.
Tout d’abord, il semble que la montagne serve
de refuge pour certains mammifères peu abondants
dans la plaine (babouin, genette, daman, etc). Concernant
l’entomofaune, il semble que les niveaux de diversité
soient similaires entre le sommet et la plaine mais
que de nombreuses espèces soient plus abondantes
sur le plateau sommital. Etant donnée la capacité
de dispersion de la majorité des insectes et
le fait que la configuration géographique du
site favorise une dispersion dirigée du sommet
vers la plaine plutôt que le contraire, il est
fort probable que le sommet représente une source
de diversité pour la plaine fortement anthropisée.
Il est par contre difficile de tirer des conclusions
concernant les micromammifères étant donné
le peu d’espèces piégées
(1 seule !). Il s’agira donc de mettre au point
des méthodes de piégeages plus efficaces
lors d’une prochaine mission. Finalement, il est
fort possible que la montagne, et, en particulier, ses
falaises inaccessibles, abritent aussi de nombreuses
espèces d’oiseaux sensibles à la
pression humaine (par exemple des rapaces tel que le
Faucon lanier ou le Faucon renard ainsi que de nombreuses
autres espèces de passereaux).
Objectifs futurs
- Compléter l’inventaire entomologique
- Mettre au point un piège photo pour avoir des
données précises sur les mammifères
de taille moyenne présents au sommet (en particulier
genette et babouin)
- Mettre au point de nouvelles méthodes de piégeage
pour micromammifères. nous espérons piéger
des rongeurs et des insectivores, principalement des
gerbilles, souris et musaraignes. Notre but sera de
capturer la musaraigne géante (Crocidura flavescens).
- Suivi sur le long et le moyen terme de la diversité
faunistique du sommet
Estes, R.D. 1991. The Behavior Guide to African
Mammals . University of California Press.
Newman, T.K. 2004. Mitochondrial Phylogeny and Systematics of Baboons (Papio) , American Journal of Physical Anthropology 124:17-27 Richard, A.F. 1985. Primates in Nature . W.H. Freeman and Co., NY.
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